Les Canadiens utilisent son sirop dans divers plats et recettes. L’utilisation la plus connue étant de napper ses crêpes avec du sirop d’érable, mais ils l’utilisent aussi pour des vinaigrettes, des sauces pour des viandes et pour faire des gâteaux. Les possibilités sont grandes.
Je vais vous dévoiler tous les petits secrets de la fabrication de ce met à la couleur ambrée, et au goût exquisément sucré. Tout tout tout, vous saurez tout sur le sirop d’érable ;)
Nous sommes partis samedi matin, je me suis endormie dans la voiture, car comme je vous l’ai déjà dit auparavant, la route n’est pas très passionnante entre Montréal et Québec. Nous sommes arrivés vers 12h à la cabane à sucre qui se situe dans la Beauce au Sud ouest de Québec. Réveil en pleine campagne, au milieu de l’érablière familiale. C’est toujours un bonheur de se retrouver à la campagne. Montréal est une ville très agréable et surtout verdoyante avec des arbres dans toutes les rues, des parcs dans chaque quartier ; cependant, fille de la campagne que je suis, j’apprécie toujours énormément ces petits moments de nature.La bonne bouffée d’air frais que j’ai pris en sortant de la voiture fut pour moi comme un nouveau souffle revigorant. Ce jour là il faisait extrêmement beau, et le soleil illuminait la forêt, les arbres n’en étaient que plus mis en valeur.
La cabane à sucre des Bisson. Les cabanes à sucre récentes arborent des couleurs lumineuses.
Nathalie me présenta tout son petit monde. La fabrication du sirop d’érable est un évènement qui réunit toute la famille, ainsi oncles, tantes, cousines, petites cousines et grands-parents étaient présents, et quelques amis proches de la famille. Nathalie m’avait mise en garde face à un accent québécois bien prononcé car nous nous trouvons dans la campagne profonde. Ce coriace accent ne me fit pas peur, et finalement il n’était pas si féroce que ça, j’ai pu dialoguer sans souci avec les « autochtones ».
L’ambiance chaleureuse est annoncée, je vais maintenant pouvoir vous faire une petite leçon sur le sirop d’érable.
Une petite précision avant de commencer. Au Québec, les cabanes à sucre sont nombreuses, souvent quand on en parle, ce sont des cabanes à sucre commerciales et accueillent de grands groupes de touristes. L’ambiance y est beaucoup moins conviviale. J’ai eu la chance de pénétrer dans une cabane à sucre familiale, sans touristes (enfin moi quand même !) et tout le tralala qu’on peut trouver ailleurs. Cette expérience est donc authentique, j’ai subit une totale immersion dans le monde québécois ;)
La famille de Nathalie fabrique du sirop d’érable pour sa consommation personnelle, ils en vendent aussi à leurs amis proches. Selon la quantité de sirop produite, ils doivent également en donner un certain quota à des coopératives.La récolte de sirop d’érable se fait sur une période de 1 mois environ, souvent aux mois de mars ou avril. Pour fabriquer du sirop d’érable, il faut récolter la sève d’érable qu’ils appellent aussi l’eau d’érable. Celle-ci est incolore, et ne peut se récolter que si des conditions bien particulières sont remplies.
L'eau d'érable
La récolte de la sève ne peut s’effectuer que si celle-ci coule. Pour cela, il faut que durant la nuit il gèle, et qu’entre le jour et la nuit il y est un écart de 10°. Je m’explique : si par exemple il fait -5° la nuit, il doit faire 5° le jour pour que la sève coule. Compris ? Du coup il arrive une période de l’année où les températures coïncident et où la sève coule. La récolte peut alors commencer. A savoir qu’on ne peut pas arrêter la sève de couler, donc une fois que le processus est commencé, on doit s’occuper de la sève, et être présent pour la récolter, parfois tard dans la nuit.
Je vais vous présenter mon ami l’érable. C’est un bel et grand arbre, qui vit bien malgré de rudes températures. L’érable possède un beau harem qui constitue l’érablière, celle-ci s’étend en général sur quelques hectares. Il faut beaucoup d’érables pour faire du sirop et pour que les machines soient rentables.Il existe plusieurs façons de récolter la sève d’érable, la méthode traditionnelle et la méthode plus moderne. La méthode traditionnelle prend plus de temps. Elle consiste à percer un trou dans l’érable jusqu’à une veine de sève, y enfoncer un tuyau, et accrocher un seau autour de l’arbre.
La modernité est venue au secours de l’homme cherchant toujours à gagner du temps et être rentable. Aujourd’hui pour récolter de grosses quantités de sèves d’érable, il existe une méthode beaucoup plus rapide, et moins fatigante.
Ce qui est assez drôle on va dire, c’est l’image de la forêt alors enchevêtrée dans tout un système de tuyaux….
et c’est parti pour un merveilleux voyage !!!
Arrivée: la cabane à sucre. Le réseau de tuyaux, conduit directement l'eau d'érable dans la cabane. Celle-ci y est récupérée dans des bidons.
La cabane à sucre est partagée en 2 pièces. Un côté qui est réservé à la fabrication du sirop avec toutes les machines nécessaires, et une partie cuisine plus vivable on va dire, avec table et fourneaux pour la préparation du repas traditionnel. Je reviendrais sur ce point plus tard.
Reprenons le merveilleux voyage de la sève d’érable.
Après avoir été aspirée par des méchants tuyaux violets, baladée dans des gros tuyaux noirs, la sève va se retrouver bien au chaud dans la cabane à sucre.
Une grosse cuve est réservée pour la sève, parfois quand les arbres coulent trop, on est obligé de rajouter des bidons comme vous pouvez voir sur la droite.
Après avoir mis au chaud toute la sève, il faut la transformer, et c’est là que la bête entre en scène : La Bouilleuse !!!
Cette grosse machine va permettre de transformer la sève d’érable en un succulent sirop. Le système est tout simple : on fait bouillir l’eau d’érable jusqu’à une certaine température (je me rappelle plus combien, mais assez chaud), et à la fin ça donne du sirop.Vous ne voyez pas mais au fond sur la gauche, il y a la grosse cuve de tout à l’heure. Celle-ci déverse la sève dans le haut de la Bouilleuse qui est en fait comme un petit labyrinthe. La sève d’érable va faire de gros zigzags dans la machine et avec la forte température, va se transformer. La Bouilleuse est partagée en plusieurs petits compartiments qui eux-mêmes sont partagés en 3.
Pendant ce temps notre petite eau d’érable a chaud aux fesses !! Elle tourne et retourne dans le labyrinthe de la Bouilleuse elle chauffe et surtout perd toutes ses impuretés. Tout ces sacrifices, pour arriver à la pureté : un sirop d’érable couleur ambrée….
Le sirop n’est pas le seul met que l’on peut déguster. Tout dépend de la température à laquelle on fait chauffer l’eau d’érable. J’ai ainsi pu goûter à la Tire d’érable.
J’ai aussi goûté au Réduit. C’est du Gin avec de l’eau d’érable chaude prise dans la Bouilleuse. Très sucré aussi, et bien alcoolisé !!
Dans le registre on fait chauffer le sirop d’érable à une certaine température (que je ne sais pas) et on obtient quelque chose, il y a aussi le sucre ou la cassonade d’érable, et le beurre d’érable. Mais ils ne sont pas fabriqués le jour même à la cabane, mais plus tard. Les possibilités sont grandes avec le sirop d’érable on peut faire beaucoup de choses.
Mais pour en revenir à la base, et notre petit sirop, une fois terminé et limpide, il faut le conserver.
Pour ceux qui ont déjà vu du sirop d’érable, il se présente souvent dans des bouteilles en verre. Cette présentation vient souvent du fait que le sirop est fabriqué industriellement et à grande échelle dans des usines. Comme je vous ai parlé plus haut, chaque cabane à sucre familiale, doit donner un pourcentage sur sa fabrication aux coopératives. Les coopératives après classeront les sirops d’érables en classe A, B ou C selon leur qualité. Les coopératives fournissent des boîtes de conserves pour toutes les petites cabanes à sucre. Ainsi vous ne pourrez jamais trouver le sirop d’érable du père de Nathalie…. Car ces boîtes sont sans distinctions aucunes.
J’avoue que durant la journée j’étais comme une enfant, je prenais des tas de photos (tellement que le frère de Nathalie en est venu à demander si je n’avais pas des origines asiatiques !!), je demandais des explications à droite à gauche sur tout. Cette journée m'a fait un bien fou, être dans la nature, avec une ambiance conviviale, toute la famille réunie autour d’une même tâche, ça m’a fait chaud au cœur ; et je remercie grandement Nathalie et sa famille de m’avoir fait partager ce doux moment :)
Je ne finirais pas sans évidemment vous parler du fameux repas traditionnel de la cabane à sucre. Je pense que la plupart d’entre vous connaissent mon très fort penchant pour tout ce qui est sucré, et l’idée d’aller à la cabane à sucre et me gaver de sucre en tout genre me ravissait. Mais même les meilleurs ont leur faiblesse, et passer une après-midi à me gaver de sucre a été trop dur pour moi. Heureusement, les québécois ont tout prévu, et en contrepartie, le repas typique quant à lui, est très salé ! Ils sont forts ces québécois !
Le repas est surtout à base de viande. Peut-être arriverez vous à distinguer sur la table une soupe de fèves au lard ; une grosse assiette de charcuterie grillée ; quelques patates, et les non moins célèbres Oreilles de Crisse. On m’avait prévenu que c’était particulier, personnellement j’ai adoré. C’est tout simplement du lard grillé. Et après tout le sucre ingurgité j’avoue que ça fait du bien. On grignote les oreilles de Crisse à tout moment de la journée pour contrebalancer le sucre des divers mets d’érable.
Ce repas était vraiment délicieux, et les fèves au lard ont bien joué leur rôle ! Un petit plus, nous étions déjà tous bien gavés, mais la maman de Nathalie nous avait préparé un bon dessert : un gâteau au fromage au citron ou Cheese-cake. C’était bon mais bourratif, ce gâteau est typique au Québec.
Tout ça pour dire qu’à part prendre des photos, j’ai passé ma journée à me goinfrer !!! C’était bon, mais il m’a fallu du temps pour m’en remettre.
Je pense que là vous devez être bons sur la fabrication su sirop d’érable. Pour les températures, je ne peux pas vous les divulguer en fait, secret d’état québécois, le père de Nathalie m’a fait signer une clause de confidentialité !!
Bilan de la journée gavée et ravie ! Bon allez les amis québécois, on se dit à dans un an ?